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Mémoire de forme

Le 31 mars 2006, deux chercheurs du laboratoire de physique des lasers de l’Université de Rennes, Albert Le Floch et Olivier Emile, réalisent une expérience sur les échanges entre lumière et matière. Elle consiste à suspendre un cristal de quartz au bout d’un fil afin de le faire tourner avec de la lumière. Mais un obstacle gêne vite les investigations : le choix du fil. Suggéré par Jean Mevel, un de leur collègue, le fil d’araignée est finalement retenu. L’expérience en dégage un aspect tout nouveau, jusque-là inconnu des scientifiques. 

« Lorsqu’il se tord, le fil d’araignée ne tournoie pas pour revenir en place, explique Albert Le Floch, il reste vrillé. Mais retournez voir le lendemain, il aura repris sa position initiale. » 

Une incroyable propriété de la soie est alors mise au jour : « C’est un fil à mémoire de forme. » Une fois de plus, la soie est unique dans ce domaine. Bien qu’elle partage cette qualité avec certains alliages métaux comme le nitinol, la réunion du nickel (Ni) et du titane (Ti), celui-ci nécessite de la chaleur pour retrouver son état d’origine. Or, «la soie d’araignée n’a besoin de rien, elle se remet en place naturellement », explique Olivier Emile.

Le fil de soie est en effet composé de deux chaînes polypeptidiques (ou protéines) constituées principalement de deux acides aminés : l’alanine et la glycine. La structure tridimensionnelle (dans l’espace) de la molécule est due à un certain nombre de liaisons chimiques réversibles. C’est pour cela que le fil d’araignée retrouve sa forme première.

Pour l’araignée, la mémoire de forme de la soie lui permet de s’équilibrer en l’empêchant de tourner sur elle-même lorsqu’elle est suspendue à son fil de traine. Elle assure également la solidité de la toile, en répartissant les forces lors d’un choc.

Un trombone en Nitinol

Un trombone en Nitinol

Une séquence polypeptidique de la soie

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