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Le filage manuel de la soie

La technique du relargage

Au XVIIIe siècle, la frontière entre la Renaissance et le siècle des Lumières voit apparaître un nouvel intérêt pour les sciences et la nature. Ainsi, le français François Xavier Bon de Saint Hilaire (1678-1761), Président de la Cour des comptes de Montpellier, étudie le fil d’araignée, et en imagine déjà les futures applications. Effectuant lui-même un élevage de certains spécimens, il parvient à confectionner des gants, des mitaines, des chaussures et des bas, qu’il présente à l’Académie française. En 1710, il publie un mémoire intitulé : Dissertation sur l’araignée contenant la vertu et les propriétés de cet insecte, avec la qualité & l’usage de la soie qu’il produit & des gouttes qu’on en tire pour la guérison de l’apoplexie, de la léthargie. Dans cette véritable thèse, résultat de longues recherches et d’observations, il enseigne notamment le filage de la soie.

Les premiers prélèvements de soie s’effectuent sur l’araignée elle-même. Placée sur un support, celle-ci reste immobilisée durant toute l’opération. On stimule son abdomen pour en extraire un fil, enroulé autour d’un rouleau qui tourne en continu. C’est la technique du relargage.

Néanmoins, l’exploitation du père Camboué provoque de graves problèmes : l’enlèvement des spécimens en très grande quantité profite à la prolifération de moustiques, qui entrainent la propagation de maladies telles que le paludisme. Comme les Nephila s’adaptent difficilement au climat continental, une production hors du sol malgache est impossible. N’ayant pas convaincu les chercheurs de Lyon, celle-ci est vouée à l’échec…

L’idée de François Xavier Bon de Saint Hilaire est donc abandonnée jusqu’au XIXe siècle. Elle est reprise par un le père Camboué (1849-1929), missionnaire français à Madagascar. Il organise alors l’élevage de masse d’une espèce particulière d’araignée, la Halabe Nephila madagascariensis, qui produit une soie jaune dorée. Une école professionnelle de filage se met en place à Antananarivo qui amasse près de 50 000 mètres de soie. En raison du cannibalisme des araignées, qui ne se tolèrent pas entre elles, d’importants moyens prévoient de séparer les individus dans des compartiments.

Cependant, René-Antoine Ferchault de Réaumur, un scientifique français, pèse les avantages et les inconvénients de la production de ce nouveau matériau. Il en arrive à la conclusion que la soie d’araignée est « plus onéreuse à produire tout en étant moins belle ». Il aborde le coût exubérant de cette exploitation, qui, selon lui, serait incompatible avec tout enjeu commercial.

François Xavier Bon de Saint Hilaire (1678-1761)

René-Antoine Ferchault de Réaumur (1683-1757)

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